(huit ans ❖ richmond, virginie, USA) joyeux anniversaire ma chérie ! c'était l'un des derniers souvenirs que caitlin avait de sa mère. megan lahay, trente-deux ans, aussi belle qu'intelligente, elle dirigeait son cabinet d'avocat d'une main de maître et ne se laissait marcher sur les pieds par personne. même du haut de ses huit ans, caitlin l'admirait déjà, c'était son model, et un jour, elle serait fière de sa fille, oui un jour, elle pourrait dire je suis fière de toi, caitlin chérie. bien sûr, elle le disait déjà maintenant, mais ce n'était que moyennement pensé. joyeux anniversaire, ma puce. james lahay, aussi souriant que généreux, il contrastait avec la dureté qui transparaissait dans les traits de sa femme. ils étaient un couple parfait, complémentaire, mais complice. si elle n'était pas le fruit de leur union, caitlin aurait pu en être jalouse, dans le futur. merci ! elle était alors loin de se douter que les choses allaient devenir bien plus grises, bien plus noir, dans son bel univers.

(dix ans ❖ richmond, virginie, USA) sa mère était morte. accident de voiture une grosse connerie que ces bagnoles, ces alcools, ces substances illicites. jamais elle ne tomberait dedans, jamais elle n'ôterait la vie d'une mère, jamais. ah qu'elle est douce l'innocence de l'enfance. tout commença à basculer le jour où son père lui annonca, quelques mois après le décès de megan papa a rencontré une nouvelle femme, ta nouvelle maman. grave erreur. taylor, cheveux blonds, dents éclatantes, juchée sur vingt centimètres de talons aiguilles, démarche voluptueuse, sourire arrogant. jamais caitlin ne deviendrait comme elle, jamais. ah qu'elle est douce l'innocence de l'enfance. alors elle dût apprendre à vivre avec cette étrangère sous son toit, l'appeler maman, parce qu'elle le voulait. mais si elles semblaient s'adorer au premier abord, très vite, les deux "femmes" commencèrent à se haïr, d'une haine si profonde, que son père n'eut d'autre choix que de choisir l'une d'entre elles.

(onze ans ❖ paris, texas, USA) ils avaient déménagé avec taylor, alors enceinte de deux mois, et c'est un jour que, de but en blanc, james déclara tu vas... aller passer quelques temps chez tes grands-parents, d'accord ? comme si elle avait le choix ! depuis l'arrivée de cette mijaurée fourbe et profiteuse, elle ne pouvait plus faire ce qu'elle voulait, et bien sûr, elle regrettait sa vraie mère, sa douceur, son acharnement à la faire avouer ce qu'elle lui cachait, sa tendresse. son amour, aussi, surtout. parce que taylor ne l'aimait pas, elle ne faisait même pas semblant de l'aimer. alors partir était peut être mieux. seule ? elle connaissait déjà la réponse, son père n'abandonnerait pas sa précieuse taylor. on viendra te chercher en temps voulu, le plus tôt possible, mais ne nous attend pas trop elle savait exactement ce que ça voulait dire. quand ? ils t'attendent pour la semaine prochaine le plus tôt serait le mieux, de toute évidence. elle hocha la tête et sourit tristement à son père.

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(onze ans ❖ dublin, irlande) bienvenue en irlande ma chérie la vieille dame -une cinquantaine d'années tout de même- lui sourit et lui claqua bruyamment deux bises sur les joues. il devait s'agir de sa grand-mère, qu'elle n'avait pas vue depuis longtemps. mais ses yeux verts, son air éveillé et son sourire ressemblaient trop à celui de megan pour que ça soit une coïncidence.

(quatorze ans ❖ galway, irlande)

(seize ans ❖ galway, irlande)

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(dix-huit ans ❖ dublin, irlande)

(vingt-et-un ans ❖ paris, texas, USA)

(vingt-quatre ans ❖ galway, irlande) elle avait passé trois ans en amérique, à faire le vide, à étudier, aussi, l'histoire du nouveau monde directement sur le terrain. un grand bol d'air, de liberté. bien sûr, taylor et sa demi-soeur lui donnèrent brièvement envie de se tirer une balle, mais au final, lorsqu'elle revint enfin, elle était plus sereine. eh bah, t'étais où ? en amérique, mon père est mort. ah... c'est pas cool. issac ! non c'est rien, je l'avais pas revu depuis treize ans, ça m'a pas fait grand chose.

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