Mieux vaut être indifférent et digne que malheureux et pathétique.

 

je laissais tombé ma tête sur la table de mon bureau. je venais de finir une pile de paperasse haute de trois mètres. j'avais tardé à le faire en me concentrant sur l'album de l'un des artistes que je m'occupais. il fallait faire marcher le label. et ce n'est pas en faisant des papiers idiots. non. il faut que je sorte des albums. il faut que l'argent rentre dans les caisses et que je découvre de nouveaux artistes et ainsi de suite. je pense que ma trouvaille va être parfaite et qu'elle va déchiré quand les gens entendront cette voix à la voix délicate, puissante et enivrante. je ne fais pas les choses à moitié, je ne veux pas du premier blouc qui passerait par là. je dois la montée de mon label grâce aux choix que j'ai fait, certains me jugeaient folles seulement voilà le résultat, on me connait en Irlande et en Angleterre. c'est ce qui compte. c'est le plus important surtout que je ne veux pas m'arrêter en si bon chemin.  j'ai toujours voulu faire ça et je me suis battue pour ça au vue de la situation de ma famille. je ne dois mon succès qu'à moi. je relève la tête, passe la main dans mes cheveux et range mes dossiers dans les tiroirs. je tombe sur  le carnet où j'écris. je le touche du bout des doigts et le cache bien correctement. personne ne sait. personne ne sait que j'écris et que je chante. personne. je file un tour dans les studios pour éteindre les lumières et regardait s'il ne reste personne. tout est vide en même temps à vingt-deux heures, c'est normal. je reviens dans mon bureau attrape ma veste et mon sac. je ne me vois pas rentrer à la maison maintenant. à ça non. ce n'est pas mon genre de me mettre devant la télévision. ça m'arrive parfois mais c'est rare. je suis plus du genre à sortir à boire un verre ou plusieurs, à faire du charme à quelqu'un mais aussi la ramener chez moi pour m'envoyer en l'air. quoi de mieux que de profiter de la vie. de la vivre à cent pour cent. de ne pas croire au prince charmant ou à la princesse charmante. j'ai vu des tonnes de couple partir en vrille, des mariages finissant en mariage. alors oui à quoi bon donner son coeur alors qu'on peut avoir trois chances sur cinq de le voir mettre en morceaux. quand on laisse les sentiments prendre le dessus, les blessures deviennent présentes et je ne veux plus souffrir. j'ai souffert des coups de ma mère, j'ai souffert de ne pas avoir une enfance et une adolescence comme les autres. cette souffrance a été matérialisé depuis longtemps, et ne pas m'attacher est cette façon de la voir. mon meilleur ami est celui auquel je suis le plus proche. il est celui que je ne pourrais pas perdre, celui que je ne voudrais pas perdre. il me connait bien plus que n'importe qui, et il a été là quand je n'allais pas bien. mon portable vibre dans ma poche. je le sors et voit sur l'écran un message de lui.   « Je sors au Blue Note. viens déjeuner à la maison demain. j'ai bien besoin d'une journée avec mon best après cette semaine de folie. » je clique sur la touche 'envoyée' et je range mon portable en voyant l'enseigne de l'endroit en face de moi.

je pousse la porte de l'endroit que je connais sur le bout des doigts. et comme d'habitude, je fonce droit vers le bar. je m'installe sur l'un des tabourets. je retire délicatement ma veste que je dépose près de moi. je ne peux pas dire que j'ai une tenue de soirée. je ne suis pas passée à la maison pour me changer. je suis exactement comme je suis ce matin. honnêtement, je pense que ça peut ça peut faire l'affaire. j'attends sagement en regardant tout autours de moi. je cherche une 'cible'. ne jamais croire que je fais du rentre dedans. je fais ça avec délicatesse et féminité. il y a tellement de manière de séduire sans forcément faire du rentre dedans ou se la jouer trop pressante comme on peut voir chez certaines femmes. ça ne m'a jamais énervé les personnes franches déclarant ouvertement ce qu'elles veulent sans passer par quatre chemins. je sais peut-être me montrer docile mais je ne vais pas faire croire la lune à ceux qui traversent mon lit. une nuit ou plusieurs mais jamais de sentiments, de mots doux ou de cadeaux. je ne veux pas de roses. je ne veux pas de petits déjeuners au lit. la seule fois où un homme a voulu le faire, il a pris la porte alors qu'il était en caleçon. ça romps tout le charme quand le mec arrive avec un plateau. j'exquise un sourire en repensant à la scène, au visage de l'homme et de mon sourire en lui envoyant ses affaires en plein visage. c'est un serveur se pointant devant moi qui me fait sortir de mes pensées. " Puis-je vous servir quelque chose ? " me demanda-t-il avec un sourire très agréable. il est clair que c'est vraiment plus agréable d'avoir un barman avec un visage agréable. « une vodka avec une tranche de citron, s'il vous plait. » il ne faut que quelques minutes pour qu'il pose son verre devant moi. je pose mes deux mains sur le verre le faisant tourner légèrement. j'en bois une gorgée délicatement. j'espère qu'il va y avoir un peu d'action parce que sinon il est clair que je quitterais le lieu et que j'essayerai de passer la soirée avec mon meilleur ami. je suis sûre qu'il ne pourra pas dire non si je l''appelle pour lui dire que je veux qu'il vienne plus tôt.

Mieux vaut être indifférent et digne que malheureux et pathétique.

 

Galway est une petite ville à la fois simple qui regorge de toutes sortes de personnes. on peut tomber sur une famille de pêcheurs mais aussi sur des personnes connus mondialement. l'endroit est hétéroclite ainsi personne ne va juger son voisin ou un nouveau arrivant. j'ai toujours vécu ici. j'ai toujours cet endroit parce que je trouve qu'il est remplit de beauté, de simplicité, de verdure et de calme. je connais l'ambiance de Dublin mais aussi celle de Londres. j'ai passé des jours là-bas à faire de la publicité pour un artiste que je lançais. je n'aime pas les grandes villes. je n'aime pas les voitures klaxonnant à longueur de journée. je n'aime pas rentrer chez moi et ne pas avoir le calme qu'il me faut. j'aime pouvoir connaitre la moitié de la ville, j'aime avoir des souvenirs dans chaque centimètre de la ville. que je n'avais même pas seize ans quand on arrivait à se glisser dans cet endroit le samedi soir sans qu'on découvre qu'on était mineur. on était doué pour ça. et voilà que je pouvais rentrer normalement sans avoir à sortir une carte d'identité pour avoir une boisson alcoolisée. je bois une autre gorgée de ma vodka. je dois dire que j'ai toujours dû mal à avaler de l'alcool, je fais toujours une petite grimace et pourtant j'aime la sensation forte dans ma gorge. et aussi le fait d'être plus moi-même quand je bois trop. je m'amuse avec mon verre puisque c'est la seule chose d'amusant. parce que ce n'est pas l'homme à ma droite barbue avec un bide qui dépasse de sa chemise et de son pantalon qui va me divertir. il parle et il ne se rend même pas compte qu'il le fait tout seul. il peut pas se taire. qu'est-ce que je m'en fous de sa femme qui est enceinte, de son gosse qui fume de l'herbe ou de son travail qui l''ennuie à mourir. là, c'est lui qui m'ennuie à mourir. « et bien, je ne t'avais jamais vu ici auparavant et en à peine une semaine. Il s'avère que l'on se croise deux fois. Je vais finir par croire que tu m'as volé mon agenda.» je reconnais immédiatement cette voix. je connais ce timbre, cette façon de finir ces phrases, cette façon d'accentuer sur certains mots qui donne une touche sexy même aux mots qui sont tout à fait ordinaire. je viens souvent ici. que ce soit le matin pour prendre un café ou le soir pour prendre un verre. et il est vrai que l'on ne sait jamais croisé. la dernière fois, c'était une première. c'était surtout une première pour moi de coucher avec une fille. je ne pensais pas que ça serait si intense, si fort, si torride. maintenant que je la revois, je repense à tous ses souvenirs à la façon dont la chaleur était monté dans les WC. j'aurais pensé qu'on n'aurait mis du temps avant de se revoir à nouveau. elle est la sœur de mon meilleur ami. je sais à quel point, c'est tendu entre eux. il ne le sait pas et j'ai promis de ne rien dire pour ne pas créer une intension de plus entre eux ou entre nous. je sais que je joue avec le feu, qu'il l'apprendra à un moment ou un autre. que dès que ce sera le cas, ça sera encore pire parce que je lui aurais mentit. on ne se ment jamais. « c'est bizarre comme le hasard fait bien les choses. » lançais-je à la regardant commandé une boisson au barman. une boisson typiquement féminine. on peut pas dire le contraire surtout quand on voit mon verre en face de moi. les cocktails non merci. j'aime la pureté des choses. j'aime le goût corsé qui me rappelle que je ne bois pas un jus de fruit mais de l'alcool. surtout que j'ai plus l'habitude boire de la bière ou du vin. c'est dans la tradition des PUB de boire des bières mais avec le temps, le Blue Note a évolué, à changer sa carte en insérant des cocktails pour les gens plus sophistiqués. j'essaye de me la jouer plus évoluer mais je dois dire que le goût de la bière est bien plus agréable. qu'il y a rien de meilleur que le goût du malte. quand je me dis ça, c'est que ça vient de ma famille. on ne roulait pas sur l'or. la seule chose qu'on pouvait s'offrir, c'était des packs de bière. et c'est aussi de la bière que j'ai bu la première fois. c'était mon grand frère qui m'avait fait boire quelques gorgées alors qu'on écoutait de la musique dans sa chambre. quand maman l'a appris, on peut dire que j'ai pris une sacrée dérouillée. j'ai gardé les bleus pendant de longues semaines avant qu'ils disparaissent. j'en avais sur tout le corps. j'avais eu tellement de mal à tous les cacher que je me demande encore comment les autres n'ont rien vu et on gobait toutes les conneries que je balançais. « Comment vas tu ? » ça ne m'avait pas dérangé de n'avoir aucune nouvelle d'elle. j'avais l'habitude des coups d'un soir sans même connaitre un prénom ou même un numéro de téléphone. c'était le principe même d'un coup d'une nuit. et puis, c'était bien meilleur pour nous. ça nous permettait de ne pas déranger les choses. je connaissais la relation de mon meilleur ami et de sa sœur. je connaissais l'histoire qu'il y avait eu entre eux. je savais à quel point, ça avait blessé mon meilleur ami, à quel point j'avais dû mettre tout mon cœur pour le faire sourire à nouveau, pour lui redonner le moral, pour lui redonner l'envie de se remettre sur le marché des célibataires. je ne sais pas comment j'aurais réagit. ce que j'aurais fait si j'avais été à la place de Faye ou de mon meilleur ami. voilà pourquoi je ne voulais pas d'attachement. on arrivait au pire à chaque fois. il y a toujours des problèmes qui nous en mette plein la figure. je finissais mon verre d'une gorgée en demandant au barman de me servir la même chose que Faye. j'allais découvrir une nouvelle boisson et voir pourquoi les gens sont aussi accros à ce genre de choses. « une semaine tout à fait ordinaire. bien qu'elle a été plus intense que les autres au vue des finitions de l'album d'un nouvel artiste que je lance. » la semaine prochaine était le grand jour. on allait savoir si j'avais fait le bon choix. si cet album original et dérangeant pour l'univers musical qu'on connait, allait faire le succès auquel je me préparais. si ça ne marchait pas, ça serait pas première boulette. rien de catastrophique. ça arrive tout le temps et j'aurais le temps de rattraper le coup avec un autre artiste. surtout que j'en avais deux qui étaient au top des ventes en Irlande et en Angleterre. « Alors à la recherche d'une nouvelle proie ? » demandais-je en souriant. ça n'avait rien de méchant. je plaisantais. on se ressemblait pas mal de ce point de vue là. on ne s'attache pas vraiment aux gens.